Sur la Conférence Nationale du PCF

La Conférence Nationale du PCF se tiendra les 3, 4 et 5 juin à Montreuil, avec à l’ordre du jour les élections de 2012 et le « programme populaire et partagé » du Front de gauche. La candidature à la présidentielle occupera sans doute une place centrale dans les débats. Les conférences fédérales du parti ont confirmé que la candidature de Jean-Luc Mélenchon est loin de faire l’unanimité. Beaucoup de camarades soutiennent la candidature d’André Chassaigne, député PCF du Puy-de-Dôme.

Ces divergences s’exprimeront lors de la Conférence Nationale. Mais celle-ci ne pourra pas refléter l’opinion réelle de l’ensemble du parti. Les procédures de délégation à la Conférence Nationale garantissent une majorité aux dirigeants du parti – qui, pour la plupart, soutiennent la candidature de Mélenchon. En conséquence, le dirigeant du Parti de Gauche y recevra très certainement un soutien majoritaire.

Seul le vote des adhérents des 16, 17 et 18 juin permettra de connaître l’opinion du parti dans son ensemble. A une condition : que le bulletin de vote adopté par la Conférence Nationale donne la possibilité de choisir entre tous les candidats. Emmanuel Dang Tran et André Gerin n’étant soutenu que par une petite minorité de camarades, la direction du parti ne voit pas d’objection à ce que leur nom figure sur le bulletin de vote. Mais dans le cas d’André Chassaigne, le seul susceptible de l’emporter face à Mélenchon, l’incertitude demeure. Plusieurs dirigeants du parti se sont exprimés contre une « primaire » pour départager Chassaigne et Mélenchon. Mais dans ce cas, à quoi bon organiser une consultation des adhérents ? Par ailleurs, André Chassaigne lui-même a fait des déclarations contradictoires, de sorte qu’on ignore s’il demandera que sa candidature soit soumise au vote des militants.

Une chose est claire : si les communistes n’ont pas la possibilité de voter pour Chassaigne, cela renforcera le sentiment, chez nombre d’entre eux, qu’on cherche à leur imposer la candidature de Mélenchon. Ce serait mal commencer la campagne électorale. Pour que la consultation des 16, 17 et 18 juin ne soit pas une simple formalité visant à désigner Mélenchon, la candidature de Chassaigne doit figurer sur le bulletin de vote.

Candidature et programme

Dans un article intitulé Le PCF et la présidentielle de 2012, publié en février dernier, les militants de La Riposte ont argumenté en faveur d’une candidature issue du PCF, qui ferait campagne sur un programme communiste. Le PCF peut et doit jouer un rôle décisif dans la lutte contre le capitalisme et pour la transformation socialiste de la société. L’élection présidentielle est une occasion importante de populariser un programme communiste et de renforcer le parti. A l’heure où des millions de jeunes et de salariés remettent en cause le système capitaliste, qui traverse sa plus grave crise depuis les années 30, on ne devrait pas mettre le PCF en arrière-plan d’une élection qui va dominer la vie politique du pays pendant des mois. Tel est le sens de notre soutien à une candidature du Front de gauche issue du PCF. Cela nous paraît d’autant plus cohérent que les communistes constituent la grande majorité des effectifs militants du Front de gauche, et seront donc appelés à fournir l’essentiel des forces de la campagne électorale.

Quel que soit le candidat désigné, la question du programme du parti restera centrale. La vague de propagande pro-capitaliste qui a suivi l’effondrement de l’URSS a eu des effets sur la direction du parti. Elle s’est adaptée à « l’économie de marché ». Elle n’osait plus franchir la ligne rouge de la propriété capitaliste. Cette dérive sur le plan des idées s’est concrétisée dans le soutien aux privatisations menées sous le gouvernement Jospin (97-2002). Or, dans le programme qui vient d’être diffusé à tous les militants communistes (Ce que nous voulons !), il y a bien sûr d’excellentes propositions, mais il n’y a toujours pas de mesures susceptibles de briser la domination d’une poignée de capitalistes sur l’économie nationale.

Par exemple, le document parle de créer un « pôle public bancaire » qui s’appuierait sur « de nouvelles banques nationalisées ». Combien de banques seraient nationalisées ? Lesquelles ? Ce n’est pas dit. Or il est évident que seule la nationalisation de toutes les banques privées, sous le contrôle des salariés et de leurs organisations, pourrait faire de ce « pôle public bancaire » le levier d’une politique économique progressiste. De manière générale, la nationalisation – ou socialisation, si on préfère – des grandes entreprises de l’industrie, de la distribution, de l’agro-alimentaire et du secteur pharmaceutique permettra de soumettre l’économie aux besoins du plus grand nombre. Ces mesures devraient constituer l’axe central de notre programme. Sans elles, nous n’aurons pas les moyens d’atteindre nos objectifs en matière de salaires, de conditions de travail, de retraite, de santé publique, d’éducation, de logement, etc. Il nous faut un programme qui s’attaque à la racine de tous les problèmes : la grande propriété capitaliste.

La Riposte

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