Le PS pour une « égalité réelle »… sous le capitalisme

Après le mouvement contre la réforme des retraites, l’hostilité continue de grandir à l’encontre du président Sarkozy. Sa cote de popularité est tombée à moins de 30 % d’opinion favorable. Le gouvernement et les capitalistes dont il défend les intérêts ont plongé l’économie dans la crise. Dans ce contexte, il est fort possible que le PS remporte les prochaines élections. Mais ce n’est pas certain, compte tenu de son programme actuel.

A bien des égards, le programme du PS ne se différencie pas beaucoup de celui de la droite. Les médias focalisent notre attention sur la question du candidat du PS. Mais l’identité du candidat ne change rien de fondamental. Malgré les nuances affichées dans les positions des uns et des autres, Strauss-Kahn, Royal et Aubry n’excluent pas de s’allier avec le Modem, dont le programme est semblable à celui de l’UMP. Sur la question des retraites, Martine Aubry avait, dans un premier temps, soutenu les principaux aspects de la « réforme » du gouvernement, et notamment la nécessité de fixer l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Mais devant l’impopularité de la contre-réforme, la direction du PS a fait marche arrière.

La direction du PS ne remet pas le capitalisme en cause. Dans ces conditions, elle sera contrainte de se plier aux lois économiques de ce système et aux exigences de ceux qui le dirigent. Les économies européennes sont entrées dans une crise profonde. Les gouvernements « socialistes » grecs, portugais et espagnols appliquent une politique de rigueur draconienne, dans l’intérêt des capitalistes. En France, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

« Egalité réelle » ?

En décembre dernier, la direction du PS a adopté le document programmatique de sa « Convention sur l’égalité réelle ». Dans son introduction, la philosophie du texte est ainsi résumée : « La mobilité dans la hiérarchie sociale sera d’autant plus facilitée que les barreaux de l’échelle sociale seront proches les uns des autres. Moins la distance est grande entre les différentes catégories sociales, plus il est aisé de circuler entre elles […] C’est pourquoi le projet des socialistes donne la priorité à l’amélioration des conditions de vie des citoyens quelle que soit leur place dans la hiérarchie sociale.  » Ne poussez pas, il y en aura pour tout le monde !

Le texte affirme que par des augmentations de salaires et une « meilleure répartition des richesses », notamment grâce à une nouvelle politique fiscale, on parviendrait à une égalité réelle entre tous les citoyens. Soyons concrets. Allons-nous tous partir en vacances sur un yacht ? Ou est-ce qu’à l’inverse les grands patrons du CAC 40 vont toucher le SMIC ? Tout ceci n’est pas sérieux. La direction du PS parle d’« égalité réelle », mais refuse de toucher à la mainmise des capitalistes sur l’économie. Il ne pourra jamais y avoir d’« égalité » entre exploiteurs et exploités. L’égalité ne sera possible que lorsqu’on en aura fini avec l’exploitation capitaliste.

Nous sommes bien évidemment pour une augmentation des salaires. Le document du PS propose également de lier leur évolution à celle de l’inflation. Ce sont des propositions positives. Elles vont à contresens de la politique de Sarkozy. Mais à moins qu’une puissante pression d’en bas n’impose leur mise en œuvre, de tels engagements ne tiendront pas au-delà des élections.

Nous voulons chasser la droite et Sarkozy. Mais comme le montre l’expérience actuelle des gouvernements de gauche en Grèce, au Portugal et en Espagne, il ne suffit pas de changer de gouvernement pour changer de politique. Tant que les militants socialistes tolèreront que leur parti soit dirigé par des éléments pro-capitalistes, il ne sera jamais un instrument de lutte politique fiable – ni au gouvernement, ni dans l’opposition.

Compte tenu de la politique actuelle du PS, une participation gouvernementale du PCF – en son nom propre ou sous l’étiquette du Front de Gauche – aurait de graves conséquences, pour le parti. Cela provoquerait une crise majeure, en interne. Le PCF doit défendre et populariser un programme de rupture avec le système capitaliste, et mettre les dirigeants du PS devant l’obligation de se prononcer pour ou contre un tel programme. Les dirigeants actuels du PS se prononceront contre, de toute évidence. Mais l’expérience de la crise du capitalisme montrera que nous avons raison, et le PCF en sortira considérablement renforcé.

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