Lettre ouverte aux jeunes communistes

La Riposte n’a pas été créée pour batailler contre les dirigeants du Mouvement des Jeunes Communistes (MJC), mais pour lutter contre le capitalisme et défendre les idées du marxisme. Mais en politique, on ne choisit pas toujours ses adversaires. Chacun comprendra qu’un journal militant qui assisterait passivement aux attaques faites contre ses lecteurs ne vaudrait pas un clou.

Le refus d’accepter les délégués toulousains à l’Assemblée Nationale des Animateurs, en novembre dernier, en raison de leur adhésion aux idées de La Riposte, a choqué un nombre considérable de jeunes communistes, comme en témoignent leur réaction au moment des faits et les nombreux messages de solidarité que nous avons reçus depuis. Or en fait, ceci n’était que le dernier épisode d’un acharnement contre les sympathisants de La Riposte, qui dure depuis plus de deux ans. Et il est grand temps que cela cesse.

Nous avons publié sur notre site internet tous les courriers relatifs au sabotage du travail de la section toulousaine du MJC (Voir [Les courriers]). Ces courriers fournissent les détails de la discrimination politique, de la calomnie et de la marginalisation dont nos sympathisants ont fait l’objet. Ceci permettra aux jeunes communistes, ainsi qu’aux membres et sympathisants du PCF, de se former une opinion sur ce conflit, en pleine connaissance de cause.

Nous demandons à nos lecteurs de ne pas minimiser la portée de ce problème. Il y va de l’avenir du MJC et donc, dans une certaine mesure, de celui du PCF. Les méthodes employées par la direction du MJC vont directement à l’encontre de l’esprit d’ouverture et de discussion fraternelle qui font la force du mouvement communiste. Le traitement réservé aux jeunes communistes toulousains démontre clairement que la liberté d’expression acquise depuis de nombreuses années dans le PCF ne l’est pas encore, loin s’en faut, dans le MJC. Une organisation de jeunesse qui ne se dote pas d’un fonctionnement démocratique, qui n’accepte pas que des sensibilités diverses puissent s’exprimer librement, n’aurait pratiquement aucune chance de devenir l’organisation combative et fortement implantée dont le mouvement communiste a besoin. Les jeunes n’accepteront jamais de marcher au pas derrière une clique de « petits chefs ».

Débat démocratique ou « ligne » incontestable ?

Dans le mouvement communiste, des divergences politiques sont inévitables. Personne ne pourrait raisonnablement reprocher aux permanents nationaux du MJC de ne pas être d’accord avec nos idées, pas plus que l’on pourrait nous reprocher de ne pas être d’accord avec les leurs. Par exemple, La Riposteinsiste sur l’idée qu’un programme communiste doit être axé sur la nécessité de mettre fin à la domination économique de la classe capitaliste, notamment par la nationalisation et la gestion démocratique – ou « socialisation » – des grands moyens de production et d’échange, ainsi que du secteur bancaire. Chez les jeunes communistes, les avis sont partagés sur cette question. La direction nationale, pour sa part, ne revendique pratiquement aucune nationalisation. Pour prendre un deuxième exemple : peu de temps après l’invasion impérialiste de l’Irak, des jeunes communistes proches de La Riposte ont critiqué la direction du MJC pour avoir accueilli favorablement le gouvernement fantoche installé par le Pentagone.

Dans une organisation communiste, de telles divergences devraient être réglées au moyen d’une discussion démocratique et sans entraves. Nous ne verrions aucun inconvénient à ce que les dirigeants du MJC attaquent les idées, le programme ou les perspectives élaborés par La Riposte. Seulement voilà : malgré leur hostilité vis-à-vis de nos idées marxistes, il n’y en a pas un seul qui ait cherché à justifier cette hostilité politiquement, en expliquant pourquoi, à son avis, ces idées ne seraient pas valables. Un débat ouvert, franc et fraternel servirait à enrichir le débat au sein du MJC et à élever le niveau politique de ses membres. Mais les dirigeants du mouvement ont opté pour une toute autre démarche. Ils ont pensé qu’ils pouvaient étouffer le débat par des manoeuvres organisationnelles. Ils ont appuyé le secrétaire fédéral du MJC en Haute Garonne, David Fourcade, dans ses tentatives successives de saborder la section MJC de Toulouse, et ont lancé une campagne insidieuse visant à stigmatiser les militants de La Riposte comme les acteurs d’une conspiration de type « entriste », destinée à nuire au MJC.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi cette option a été prise. Le comportement des Vincent Bordas, Manuel Blasco, Nadhia Kacel, etc., est typiquement celui de gens qui manquent totalement de confiance en leurs propres idées. On rencontre parfois des gens qui, malgré la solidité de leurs idées, sont peu sûrs d’eux-mêmes. Mais dans le cas des « dirigeants » du MJC, il faut reconnaître que ce manque d’assurance est entièrement justifié. On peut difficilement les lire ou les écouter sans être frappé par le caractère réformiste et extrêmement superficiel de leurs idées politiques.

Que pensent les dirigeants nationaux du MJC des perspectives pour la révolution vénézuélienne ? Quelle est leur analyse des événements en Bolivie ? Quelles sont, d’après eux, les perspectives pour l’économie, en France et dans le monde ? Comment expliquent-ils l’effondrement de l’URSS ? Que pensent-ils de la restauration du capitalisme en Chine ? Quelle est leur position sur la participation du PCF au prochain gouvernement ? Que reprochent-ils à la théorie marxiste ? Et puisqu’ils ne réclament pratiquement aucune nationalisation, quel est le programme pour mettre fin au capitalisme ? Le simple fait est que, dans les écrits et les prises de parole de leurs « dirigeants », les jeunes communistes ne trouvent pratiquement nulle part ne serait-ce qu’un début de réponse à ces questions, ni à aucune autre des questions fondamentales qui se posent au mouvement communiste.

L’explication de l’intérêt qu’un nombre croissant de jeunes communistes porte aux publications de La Riposte n’est pas à chercher dans une quelconque conspiration « entriste », mais dans son apport dans les domaines de la théorie, du programme et des perspectives. Autrement dit, cet intérêt répond à une attente qui n’est pas satisfaite par la direction du MJC.

Sur le trotskisme et le prétendu « entrisme » de La Riposte

Les dirigeants du MJC pensaient-ils sérieusement que, pour empêcher les jeunes communistes de s’intéresser aux idées de La Riposte, il suffisait de lui coller une étiquette « trotskyste » ou « entriste » ?La Riposte se définit comme marxiste. Quant à Léon Trotsky, nous considérons, en effet, qu’il était l’un des plus grands révolutionnaires du XXe siècle. Pour nous, donc, marxisme et « trotskysme » sont une seule et même chose. Là encore, s’il y a des divergences d’opinion sur cette question, elles devraient être librement débattues au sein du MJC. Les dirigeants nationaux du MJC devraient expliquer publiquement ce qu’ils reprochent à l’homme qui, après avoir dirigé la révolution russe aux côtés de Lénine, puis fondé l’Armée Rouge, a finalement payé de sa vie sa lutte implacable contre la dégénérescence stalinienne de l’Etat Soviétique et de l’Internationale Communiste. Encore une fois, un tel débat aurait l’énorme avantage d’élever le niveau politique des camarades. Il obligerait aussi les dirigeants du MJC à se pencher sur les idées de Trotsky, dont on peut présumer sans risque qu’ils n’en connaissent pas grand chose.

Venons-en maintenant à l’accusation d’« entrisme ». Ce terme a une connotation extrêmement péjorative dans le mouvement ouvrier français. Et pour cause : à plusieurs reprises, des groupements d’extrême gauche ont pratiqué ce qu’ils appelaient une tactique « entriste » dans le Parti Socialiste ou le Parti Communiste, ou encore dans des structures syndicales. Il s’agissait d’envoyer dans l’organisation ciblée des individus qui n’affichaient ni leur véritables idées, ni leur appartenance à une même organisation, avec pour mission de monter incognito dans l’appareil et de s’emparer des positions clés. La plus connue de ces opérations a été menée dans le PS par ce qui est aujourd’hui le Parti des Travailleurs. En un sens, elle a plutôt « réussi », puisque Lionel Jospin en était un des acteurs dans les années 70 et 80. Lorsqu’on demande à des soi-disant « trotskistes » de se comporter pendant de longues années comme des réformistes, ils finissent par le devenir, comme ce fut le cas de Jospin.

Il suffit de réfléchir deux secondes pour se rendre compte que la démarche de La Riposte n’a strictement rien à voir avec ce type d’opération. La Riposte est une association (loi 1901) dont l’objectif est, selon les termes de ses statuts, « de défendre les intérêts des catégories sociales victimes de l’exploitation ou de l’oppression en France et à l’échelle internationale, et de promouvoir, à cette fin, les idées et les traditions du socialisme et de l’internationalisme. » Dans son journal bimestriel et sur son site internet, La Ripostepublie des articles sur une large variété de thèmes. Elle organise des réunions publiques dans les quatre coins du pays, souvent sur l’invitation de sections du PCF. Autrement dit, loin de vouloir cacher ses idées, l’association s’efforce par tous les moyens de les porter à la connaissance d’un public aussi large que possible.

La Riposte et le PCF

Les idées de La Riposte ont attiré l’attention d’un nombre croissant de militants de gauche, de syndicalistes et de personnes non organisées. Une bonne partie de ses 8500 abonnés en ligne sont des gens de sensibilité communiste, dont beaucoup sont des membres actifs du PCF, du MJC ou de la CGT. Ceci nous semble être tout à fait dans l’ordre des choses. L’intérêt que suscite La Riposte chez les communistes s’explique aussi par le fait que notre association a décidé de soutenir le PCF dans toutes les élections, et ce indépendamment de nos critiques du programme et des orientations actuelles du parti. Cette prise de position non sectaire s’est attirée les foudres de tous les groupements dits d’extrême gauche – de la LCR à LO, en passant par le PT et la myriade de groupuscules ultra-gauchistes – qui y voient une preuve de notre « capitulation » face aux idées réformistes défendues par la direction du PCF. Mais il n’y a aucune capitulation. Simplement, de notre point de vue, ce n’est pas parce que la majorité des militants communistes n’acceptent pas nos idées sur telle ou telle question que nous les considérons comme des ennemis ou des rivaux. Nous luttons à leurs côtés contre la droite et contre le capitalisme, tout en expliquant patiemment et fraternellement nos idées. Si cette attitude dépasse l’entendement des ultra-gauchistes, nous n’y pouvons rien. Et à vrai dire, leur opinion sur cette question nous indiffère complètement.

La Riposte appelle publiquement à voter communiste à chaque élection. Les adhérents de l’association qui sont membres du PCF militent loyalement pour le parti, indépendamment des divergences politiques qui existent. Il en va de même pour les membres et sympathisants de La Riposte qui sont au MJC. Que demander de plus ? Que les adhérents de La Riposte renoncent à leurs idées ? Ce serait franchement ridicule.

Du fait de l’intérêt que de nombreux communistes portent à La Riposte, les idées qu’elle défend sont en passe de devenir une sensibilité ou, si l’on préfère, un courant d’idées dans le PCF, comme il y en a bien d’autres. Or ce « courant » n’est pas, encore une fois, le fruit d’une opération clandestine ou « entriste », mais tout simplement la conséquence de l’impact de nos idées. On pourrait même dire que ce n’est pas tant La Riposte qui est « entrée » au PCF que des communistes qui « entrent » dans La Riposte, au point que la majorité des représentants de l’association sont des membres actifs du PCF ou du MJC.

Manœuvres anti-démocratiques

Les dirigeants du MJC, dont les idées constituent une variété particulièrement timide de réformisme, craignent les idées de La Riposte. De leur point de vue, cela se comprend parfaitement. Pour eux, le MJC n’a pas vocation à diffuser des idées marxistes. Ils voient le MJC comme un tremplin pour se lancer vers des carrières politiques, tout en jouissant, dans l’immédiat, des avantages que leur procure le prestige de leur position de « dirigeants ». Les jeunes communistes qui marchent au pas peuvent espérer participer aux « voyages de solidarité », être pistonnés pour tel ou tel petit boulot, et grimper les échelons. Par contre, ceux qui osent poser des questions trop gênantes risquent de se retrouver rapidement marginalisés. Les dirigeants du MJC craignent la contestation, d’où qu’elle vienne. Ils préfèrent que leurs idées et leurs méthodes soient aveuglement acceptées. Ils se sentent vulnérables, et pensent que la progression des idées de La Riposte dans le MJC leur posera certaines difficultés, à terme. Et ils n’ont pas tort.

L’exemple de Toulouse est une parfaite illustration des méthodes utilisées par la direction nationale du MJC. A la fin de l’année 2003 et durant toute l’année 2004, malgré les manifestations massives contre la loi Fillon et malgré la politique de régression sociale sur toute la ligne engagée par le gouvernement et le MEDEF, le MJC de Toulouse avait été délibérément « mis en sommeil » par le responsable fédéral, David Fourcade, qui avait décroché un emploi au PCF. Le MJC de Toulouse n’a mené quasiment aucune activité pendant une bonne quinzaine de mois, et ce malgré les protestations de nombreux jeunes communistes. Finalement, les jeunes communistes toulousains, privés de leurs moyens d’action et d’expression démocratique, ont perdu patience. La section toulousaine a été relancée, et le 6 janvier 2005, elle a élu à l’unanimité deux jeunes militants de la CGT aux postes de secrétaire et de trésorier.

Hostile à la reformation de la section, David Fourcade s’est permis de décréter, par une sorte de « veto royal », l’annulation pure et simple de l’élection du 6 janvier. Mais à la réunion suivante, le 4 février, une résolution a été votée, encore une fois à l’unanimité, pour protester contre son comportement. Puisqu’il ne pouvait pas lui dicter sa loi, Fourcade s’est ensuite rabattu sur l’idée que la section de Toulouse n’existait plus – tout simplement ! Après tout, pourquoi admettre l’existence d’une section MJC qui, avec son activité, ses débats passionnés, ses questionnements et ses critiques, risquait de perturber la tranquillité d’un « dirigeant » du MJC ? Par ailleurs, si le MJC redevenait actif, des questions pourraient être posées sur l’utilisation de ses ressources financières. Pour justifier sa campagne en faveur de la dissolution de la section, il a maintenu que son secrétaire et son trésorier, Christophe C. et Hubert Prévaud, étaient au cœur d’un vaste complot « entriste » pour le compte de La Riposte. Les chèques des nouveaux adhérents n’ont été encaissés qu’après plusieurs protestations. Aucune carte ne leur a été remise. Les directions fédérale et nationale ne répondaient pas aux courriers, et les interlocuteurs politiques du MJC – l’UNEF, Cercle Bolivarien, MJS etc. – ont été informés que le MJC de Toulouse n’avait aucune légitimité. Fourcade a même mené une enquête auprès d’un collègue d’une militante du MJC, sur son lieu de travail, afin d’obtenir à son sujet des informations d’ordre personnel et syndical.

Ce comportement irresponsable n’a pas empêché la section toulousaine de continuer son travail et de grandir. Mais il explique le refus de laisser entrer les délégués toulousains à l’Assemblée nationale des animateurs. Accepter les animateurs de la section toulousaine, c’eut été reconnaître son existence. Quand les délégués toulousains se sont présentés à l’Assemblée, la direction nationale les a « accueillis » avec un barrage d’insultes et une hostilité implacable. Les dirigeants nationaux du MJC ont clairement expliqué aux délégués toulousains qu’ils ne pouvaient pas participer à l’Assemblée parce qu’ils n’étaient pas « dans la ligne ».

Face à ces méthodes, il est nécessaire de défendre et de renforcer la démocratie au sein du MJC. Il ne s’agit pas seulement de défendre les droits démocratiques des jeunes communistes qui se reconnaissent dans les idées de notre journal, mais de défendre les droits démocratiques de tous les jeunes communistes, sans exception, qu’ils soient ou non « dans la ligne ». Tous les jeunes communistes doivent avoir le droit de défendre librement leurs idées politiques.

Pour un débat fraternel et démocratique

La Riposte n’a rien d’une conspiration. Elle n’a absolument rien à cacher. Son but est de défendre les idées et les principes du marxisme, appliqués à la société contemporaine, afin de participer à la nécessaire discussion entre communistes sur des questions de programme, de stratégie et de perspectives. Nous savons que les dirigeants nationaux du MJC sont hostiles à nos idées, et nous comprenons parfaitement qu’ils veuillent lutter contre elles. Cependant, nous les invitons à le faire ouvertement, au grand jour, selon les meilleures traditions du mouvement ouvrier, plutôt qu’au moyen de manoeuvres et de rumeurs insensées.

Si les dirigeants du MJC veulent bien expliquer leurs désaccords avec La Riposte par écrit, nous nous engageons à les publier sur notre site web et dans notre journal, en même temps que notre réponse. Nous leur proposons également d’expliquer exactement ce qu’ils reprochent à La Riposte dans le cadre d’un débat contradictoire public, de sorte que tout le monde puisse comprendre les véritables idées et intérêts en jeu. Après tout, s’il y a « complot », quelle meilleure façon de le démasquer ? Et si les idées de La Riposte ne sont pas valables, quelle meilleure façon de le démontrer ? Nous avons déjà fait une proposition identique à David Fourcade, qui n’a pas voulu y donner suite.

Nous espérons que la direction nationale du MJC acceptera ces propositions. Dans le cas contraire, les jeunes communistes seraient obligés d’en conclure que leurs dirigeants manquent de confiance en leurs propres idées, sont incapables de répondre aux arguments de leurs adversaires, et cherchent à les marginaliser au moyen de manoeuvres anti-démocratiques et de rumeurs sans fondement.

Compte tenu de l’impasse dans laquelle se trouve le système capitaliste, les idées du marxisme ne peuvent que gagner du terrain dans les années à venir, surtout chez les jeunes. La Riposte poursuivra sa progression. Les dirigeants du MJC ne peuvent rien contre elle. Certes, La Riposte n’a ni l’appareil, ni les « relations », ni les moyens financiers et médiatiques dont dispose la clique qui se trouve à la tête du MJC. Nous n’avons d’autre arme que la force de nos idées et les convictions démocratiques de l’écrasante majorité des communistes, jeunes ou moins jeunes. Mais cela nous suffira largement !

Greg Oxley

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