La Guerre en Irak

Ironisant sur la fragilité de la Restauration, en 1814, le Prince de Schwarzenberg a déclaré qu’on pouvait « tout faire avec des baïonnettes, excepté s’asseoir dessus. » Cet axiome s’applique parfaitement à la position dans laquelle se trouvent les stratèges du Pentagone en Irak. Bush, Rumsfeld, Powell, Wolfowitz, qui prétendaient que l’invasion de l’Irak serait « une promenade de santé », doivent aujourd’hui faire face à la dure réalité. Près de 8 mois après le déclenchement de l’invasion, il est évident pour tout le monde que les forces armées américaines et britanniques n’ont pu consolider leur emprise sur une seule région de l’Irak, que leur soldats ne sont en sécurité nulle part, et que, loin de s’améliorer, la situation se dégrade de jour en jour. L’impérialisme américain n’est pas parvenu à maîtriser l’Irak et il n’y parviendra jamais. Frayer son chemin de ville en ville à l’aide de chasseurs-bombardiers, d’artillerie lourde, de colonnes de chars et de troupes de choc est une chose. Affirmer son autorité sur un peuple en est une autre. Pour cela, les « baïonnettes » sont en effet totalement insuffisantes.

Le contexte international de la guerre en Irak signifie qu’à terme, ses répercussions politiques et économiques risquent d’être autrement plus graves, aux Etats-Unis comme à l’échelle mondiale, que ne l’étaient celles de la guerre du Vietnam. Celle-ci s’est déroulée pendant une période de très forte expansion de l’économie mondiale et du commerce international. Ce facteur, conjugué avec l’existence de l’URSS, qui freinait les ambitions du camp impérialiste, conférait une certaine stabilité aux relations sociales à l’intérieur de chaque pays, ainsi qu’aux relations entre les grandes puissances. Cette stabilité est à relativiser, bien sûr : il y a eu les événements révolutionnaires en France et ailleurs, en 1968, ou encore des guerres en Algérie, en Corée et au Vietnam. Néanmoins, la stagnation actuelle de la production mondiale, la permanence du chômage de masse, la baisse sensible du niveau de vie sur tous les continents, la multiplication de guerres, y compris sur le continent européen, et les crises à répétition au sein de l’OTAN et de l’ONU, font de notre époque la plus trouble et la plus instable depuis la deuxième guerre mondiale.

Le monde n’a jamais connu une époque où tant de moyens économiques et militaires se trouvaient concentré entre les mains d’un seul pays. Et pourtant, la guerre en Irak démontre que les limites de la puissance américaine sont aujourd’hui atteintes.

La guerre ne s’est pas déroulée selon les prévisions des stratèges du Pentagone. Pendant la première phase de la guerre, l’administration américaine espérait pouvoir provoquer une scission au sommet de l’Etat irakien. Ce n’est pas par hasard que les premières frappes américaines concernaient quasi-exclusivement des palais présidentiels et d’autres symboles du régime. Le Pentagone voulait sans doute signifier à l’Etat-major irakien qu’il se contenterait de l’élimination de Saddam Hussein. Il espérait ainsi provoquer un coup d’Etat anti-Saddam, dont les auteurs auraient ensuite accepté de collaborer avec les Américains. Cette stratégie n’a pas porté ses fruits. Pendant que les colonnes américaines se dirigeaient vers Bagdad, Saddam Hussein et l’ensemble du haut commandement de l’armée irakienne ont pris la fuite, abandonnant à leur sort les soldats mal équipés et désorganisés. L’appareil d’Etat irakien s’est complètement effondré. En conséquence, contrairement à ce qu’ils attendaient et espéraient, les généraux américains ne disposent d’aucune administration irakienne susceptible de servir de « tampon » entre les armées étrangères et la société irakienne.

Le « conseil gouvernemental » installé à Bagdad est un gouvernement fantoche, composé exclusivement de traîtres et d’arrivistes triés sur le volet par les autorités militaires américaines. Il n’a ni budget, ni pouvoir décisionnel, ni la moindre crédibilité aux yeux de la population. Cet arrangement ne fait que souligner l’absence totale d’une quelconque base sociale pour appuyer les armées d’occupation. On dit souvent que les Etats-Unis occupent la place qu’occupait l’impérialisme britannique dans le passé. Si la Grande-Bretagne a conquis l’Inde, peut-on demander, pourquoi les Etats-Unis ne parviendraient-ils pas à maîtriser l’Irak ? Parce que la société irakienne n’a rien à voir avec l’Inde du milieu du XVIIIe siècle. La Grande-Bretagne a conquis l’Inde, dans le contexte d’une désintégration de l’Empire Moghul, avec, essentiellement, des troupes indiennes dépourvues de conscience nationale. A l’inverse, le « proconsul » Paul Bremer ne dispose pas d’un seul régiment d’infanterie ou d’un seul corps de police irakiens dont la fiabilité soit solide et éprouvée. En même temps, le nombre de soldats dont dispose la coalition est bien inférieur à ce qu’il faudrait pour encadrer la population irakienne, et ce d’autant plus que l’immense majorité de celle-ci est hostile à l’occupation. L’Irak est un pays de 438 000 km², avec une population totale qui s’élève à près de 25 millions de personnes. Bagdad est une ville de 3 millions d’habitants, Mossoul de 600 000 habitants, Bassora de 700 000. Il est de toute évidence totalement impossible pour une force d’occupation étrangère, fut-ce de deux ou trois fois sa taille actuelle, de « tenir » un pays d’une telle importance. Isolées et détestées par le peuple irakien, il ne reste aux autorités américaines et britanniques, pour tenter de s’imposer, que l’intimidation et la terreur.

Dans le « triangle sunnite », la répression a été particulièrement féroce. Dans les quartiers des villes, comme dans les villages, des opérations nocturnes de « nettoyage », appuyées par des hélicoptères de combat et des bombardements aériens, sèment la terreur. Les portes des foyers sont défoncées, les habitants « neutralisés », des maisons et des bâtiments publics détruits. La « logique » des telles opérations, qui laissent dans leurs sillons un nombre considérable de morts, ainsi que des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants gravement blessés ou mutilés, a été clairement énoncée par le commandant Josslyn Aberle au lendemain de l’attaque lancée par des escadrons de F-16 contre des quartiers populaires de Tikrit dans la nuit du 7 au 8 novembre dernier : « Cette opération est une démonstration de force. Elle a montré aux habitants de Tikrit que nous avons des dents et des griffes et que nous savons nous en servir. » Ordonné après la destruction d’un hélicoptère américain dans le secteur, le raid se voulait « punitif », comme le sont les raids aériens à répétition menés contre la ville de Falloujah. De telles actions ne feront qu’alimenter la haine envers les envahisseurs et renforcer la résistance armée.

Dans le sud de l’Irak, le nombre de victimes parmi les soldats britanniques est moins important que chez les Américains au centre et au nord, notamment parce que l’armée britannique ne dispose ni des effectifs, ni de l’armement nécessaires aux opérations de grande envergure. A Bassora, comme dans toutes les villes irakiennes, des manifestations ont lieu quotidiennement contre l’occupation et ses conséquences dramatiques. Le taux de chômage est estimé à 60% de la population active. Il n’y a ni eau ni électricité. La malnutrition et la dysenterie se généralisent. La population est excédée par les rafles, les exactions, le bouclage des quartiers et les contrôles incessants. Elle n’en peut plus de la misère, de la paralysie de l’économie et de la déchéance sociale. Bush a prétendu « libérer » l’ensemble des Irakiens. Il prétendait vouloir « émanciper » les Chiites de la domination sunnite et défendre les droits des Kurdes. A tous, il a apporté la mort, la répression et la ruine. La population se trouve sous la férule d’une dictature militaire étrangère. Les Etats-Unis ne peuvent pas gagner cette guerre. En réalité, ils sont déjà en train de la perdre.

Les armées d’occupation sont trop faibles pour accomplir leur mission, tout en étant extrêmement coûteuses à maintenir sur place. Actuellement, 135 000 soldats américains sont en Irak, auxquels il faut ajouter les quelques 25 000 qui sont stationnés dans la région pour des missions liées aux opérations en Irak. L’Etat-major ne dispose pas d’un nombre de soldats suffisant pour régulièrement remplacer les contingents sur place.

L’administration américaine a proféré des menaces contre la Syrie et contre l’Iran. Mais le niveau de son engagement militaire en Irak lui interdit de mener des opérations significatives contre d’autres pays. Il en va de même concernant la Corée du Nord et le Venezuela. Bush a fait pression sur ses « alliés » pour qu’ils fournissent des troupes, mais aucun pays n’a proposé des renforts significatifs. Au début, par crainte de nuire aux relations déjà tendues entre le commandement américain et les milices kurdes, l’administration américaine ne voulait pas de soldats turcs en Irak. Mais elle a changé d’avis, faute de solution alternative. Cependant, devant l’hostilité de l’écrasante majorité de la population turque à une intervention militaire en Irak, Ankara a fini par y renoncer. Etant donnée la pénurie des forces régulières, Bush a dû faire appel à des « réservistes », lesquels n’imaginaient pas, en s’engageant, devoir se retrouver impliqués dans une guerre à l’autre bout du monde. La garde nationale a également été mobilisée. Enfin, face à la dégradation de la situation militaire sur le terrain, les Marines, qui avaient été remplacés par l’infanterie régulière – les « GI’s » – au mois de mai, sont en train d’être renvoyés en Irak. C’est là un signe tangible du fait que, derrière l’arrogance affichée par Bush et ses acolytes, ceux-ci commencent à prendre conscience de la gravité de la situation sur le terrain. Les personnels de ONU, de la Croix Rouge et des missions diplomatiques ferment leurs locaux et quittent le pays, exactement comme à la veille de l’invasion du 23 mars 2003. Loin d’être terminée, la guerre en Irak continue et gagne en ampleur avec chaque jour qui passe.

Bush a obtenu du Congrès une rallonge de 87 milliards de dollars. Cette somme colossale est venue s’ajouter aux 400 milliards de dollars du déficit budgétaire de l’Etat américain. De même que les ressources militaires des Etats-Unis ont des limites, les moyens financiers dont ils disposent ne sont pas extensibles ad infinitum. Dans le passé, les déficits publics et l’endettement massif des entreprises et des ménages américains trouvaient contrepartie dans les capitaux importés de l’étranger. Ceux-ci permettaient, en effet, de maintenir le dollar à des niveaux élevés sur les marchés financiers, malgré l’importance de la dette intérieure et du déficit du commerce extérieur. Cependant, au cours de ces dernières années, le ralentissement de l’économie américaine, la baisse considérable des taux de profit, la chute de la Bourse et l’incertitude croissante de la part des investisseurs quant à la solidité à long terme du dollar ont fini par miner la confiance des capitalistes étrangers. En 2001, les investissements étrangers directs aux Etats-Unis ont chuté de 50% et de 80% en 2002 ! Ce sont les banques centrales qui ont pris le relais, c’est-à-dire qui ont acheté des dollars pour éviter l’effondrement des cours sur les marchés financiers. La baisse du dollar par rapport à l’euro s’effectue à l’avantage l’industrie américaine en rendant plus compétitives ses exportations. C’est une forme de protectionnisme qui permet de mieux pénétrer des marchés étrangers aux détriment des puissances européennes, tout en freinant les exportations européennes vers les Etats-Unis. Cependant, si l’écart entre le dollar et l’euro devait s’accroître au-delà d’une certaine limite, les banques centrales prendront peur. Les premières à vouloir sauver leur mise créeront une réaction en chaîne. Dans les conditions actuelles, une crise du dollar signifierait rien moins qu’une crise monétaire mondiale. Les réticences du Congrès américain au sujet des 87 milliards de dollars demandés par Bush traduisent la crainte, y compris chez les républicains, que le coût de la guerre en Irak puisse précipiter une chute catastrophique de la monnaie américaine. Les arguments qui l’ont emporté sur cette crainte sont la nécessité d’une dernière « grande poussée » pour stabiliser la situation en Irak, et surtout la reconnaissance tacite que, sans crédits supplémentaires, l’occupation militaire de l’Irak finirait inévitablement en fiasco.

Dans un tel contexte, le problème qui se pose sur le terrain n’est pas seulement une question d’effectifs ou d’équipements militaires. Le problème du moral des soldats américains est une véritable bombe à retardement qui ne manquera pas d’exploser si les forces d’occupation ne parviennent pas à prendre rapidement le dessus, ce qui nous paraît totalement exclu. Rappelons que la défaite des Etats-Unis au Vietnam s’explique en partie seulement par l’ampleur de la résistance populaire et militaire à l’invasion sur place. La défaite était aussi et surtout la conséquence de l’émergence d’une opposition massive à la guerre de la part des travailleurs et de la jeunesse aux Etats-Unis. En outre, les soldats américains au Vietnam se révoltaient contre le commandement. Dans de nombreuses unités, la mutinerie a mené au massacre des officiers. Cependant, au Vietnam, la rébellion a mis des années à mûrir, alors qu’en Irak, tout semble indiquer que l’armée américaine, après tout juste quelques mois d’occupation, est déjà en train de craquer.

A part les Irakiens eux-mêmes, personne ne voit mieux l’écart entre la réalité de la guerre et sa présentation médiatique que le soldat américain ou britannique sur place. Petit à petit, par le biais d’un nombre déjà considérable de témoignages de la part de militaires directement impliqués dans les combats, la vérité commence émerger. En recoupant ces témoignages, pour la plupart livrés à des journalistes sous couvert d’anonymat, le tableau d’ensemble qui se dégage fait froid dans le dos. Ils indiquent que l’intensité des combats est bien plus forte et le nombre de morts du côté américain bien plus important que ne le laissent croire la presse et la télévision. Ils démontrent aussi que le soldat américain a beau avoir subi un intensif lavage de cerveau et été entraîné de manière à le rendre insensible aux souffrances de son adversaire, il n’en demeure pas moins un travailleur en uniforme, capable de réfléchir et de tirer des conclusions sur la base de son expérience – y compris des conclusions aux implications révolutionnaires.

Nous publions, en annexe de cet article, des témoignages qui décrivent d’une manière dramatique l’horreur indicible que vivent les Irakiens du fait de la guerre et de l’occupation, sans oublier l’héritage catastrophique des 12 ans d’embargo imposés par l’ONU et qui, d’après les estimations de l’UNICEF, auraient causé la mort d’au moins 500 000 enfants de moins de 5 ans et d’environ 1 200 000 personnes au total. Lorsque la population américaine prendra conscience du véritable nombre de victimes américaines et de la réalité en général des opérations menées sur le terrain, l’opposition à la guerre s’accroîtra énormément aux Etats-Unis. De nombreux sondages ont été publiés, donnant, selon les sources, des résultats différents. Cependant, ce qui est commun à tous les sondages sans exception, c’est que l’opposition à la guerre grandit déjà avec chaque mois qui passe.

Le désastre économique et social en Irak touche l’ensemble des pays aux alentours, et les répercussions de la guerre ont contribué à déstabiliser davantage tous les régimes de la région. En Egypte et en Jordanie, l’impact de la guerre a été particulièrement fort. Dans ces deux pays, le chômage augmente en flèche. Les recettes de l’industrie touristique jordanienne, qui représentait 22 % du PIB en 2001, ont chuté d’environ 30%. En Egypte, la chute de ce secteur est de 50%. En dehors du tourisme, la dépression de l’activité économique à travers la région est en train de créer une situation sociale véritablement explosive. Alors que l’un des objectifs déclarés de Bush était d’apporter au Moyen Orient « prospérité et stabilité », l’invasion de l’Irak a eu au contraire pour conséquence de plonger la région toute entière dans l’abîme.

L’instabilité croissante du régime saoudien était l’une des raisons majeures qui ont poussé les Etats-Unis à envahir l’Irak. Depuis de nombreuses années, la monarchie saoudienne est toujours plus vivement contestée. Le niveau de vie de la vaste majorité de la population se dégrade. Des émeutes et des manifestations ont éclaté à Riyad et dans d’autres villes. La jeunesse et les travailleurs reprochent au régime le gaspillage des revenus pétroliers, son incapacité à développer l’économie, l’absence de droits démocratiques les plus élémentaires et sa collaboration avec l’impérialisme américain. La présence des bases militaires américaines sur le sol saoudien cristallisait l’opposition au régime. Des mutineries ont éclatées au sein de l’armée, notamment dans le sud du royaume. Devant la possibilité d’une chute imminente du régime, le gouvernement américain devait absolument mettre la main sur les ressources pétrolières de l’Irak, dont les réserves sont évaluées à 112 milliards de barils, et trouver des sites alternatifs pour implanter des bases militaires. Au lendemain de la chute de Bagdad, le Pentagone a annoncé la fermeture de ses bases en Arabie Saoudite afin de renforcer la position du régime. Cependant, les répercussions de la guerre et du ralentissement de l’économie mondiale en général sont telles que le régime est aujourd’hui plus menacé que jamais.

Chirac s’est opposé à l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis. Il comprenait que l’occupation de l’Irak par l’armée américaine rendrait caducs les accords préliminaires signés avec la dictature au sujet de l’accès prioritaire de la France aux réserves pétrolières irakiennes dans l’éventualité d’une levée de l’embargo. Il comprenait aussi qu’une victoire des Etats-Unis réduirait l’impérialisme français au rôle de spectateur impuissant dans les affaires du Moyen Orient. Sa démarche n’avait rien à voir avec une quelconque « vision pacifiste » du monde. Chirac et les représentants du capitalisme français poursuivent les mêmes objectifs que leur rivaux américains, mais avec des moyens économiques et militaires considérablement moindres. Les dépenses militaires de la France ne représentent que 7% de celles des Etats-Unis. Même si la France avait accepté de participer à l’invasion, elle n’aurait pratiquement rien reçu en échange, puisque la mise à l’écart des compagnies pétrolières françaises figurait sur la liste des objectifs des Etats-Unis.

Aujourd’hui, Chirac réclame à corps et à cri un plus grand rôle pour l’ONU. Mais ce qui l’intéresse réellement, c’est un plus grand rôle pour l’impérialisme français. Il réclame aussi le transfert du pouvoir « aux autorités irakiennes », auprès desquelles, pense-t-il, les défenseurs des intérêts français trouveraient une oreille plus attentive que celle de Paul Bremer. Dans la mesure où Bush se donne la peine de lire les messages de Chirac, il lui répond à peu de choses près dans les termes suivants : « Vous voulez un rôle en Irak ? Envoyez donc des troupes et de l’argent ! » La réponse ne peut qu’irriter l’occupant de l’Elysée, puisqu’il sait pertinemment, tout comme Bush, que la France a très peu de troupes et un énorme déficit budgétaire. En conséquence, l’impérialisme français n’aura pas de « rôle » en Irak. Il n’aura pas d’accès aux réserves pétrolières sur place et n’aura pas son mot à dire sur le déroulement des opérations sur le terrain.

Il est très difficile de prévoir le déroulement futur de la guerre en Irak. Les Etats-Unis ne peuvent pas lâcher prise. Les enjeux stratégiques et économiques sont trop importants. L’administration américaine souhaiterait retirer ses troupes, mais elle ne le peut pas. Avant de partir, ou même de pouvoir considérer une réduction significative de sa présence militaire, elle a absolument besoin de mettre sur pied un gouvernement stable et disposant d’une importante armée irakienne au service des intérêts américains. Mais ceci est totalement hors de question. C’est pourquoi les « suggestions » farfelues de Chirac sont traitées avec autant de mépris par la Maison Blanche. Mais en même temps, l’ampleur grandissante de la résistance irakienne, le problème du nombre et du moral des soldats de la coalition, le problème financier et la menace qu’il fait planer sur la stabilité du dollar, tout cela fait que la poursuite de la guerre risque d’entraîner les Etats-Unis et le monde entier dans une crise économique, sociale et politique majeure.

Encore une fois, la perspective qui se dessine en Irak est celle d’une guerre longue et coûteuse que les armées de la coalition ne peuvent en aucun cas gagner. Les tâches qui s’imposent aux travailleurs irakiens sont fondamentalement les mêmes que celles des travailleurs des autres pays de la région. Seule une fédération socialiste du Moyen Orient peut mettre fin à l’exploitation capitaliste dans la région et permettre l’utilisation de ses richesses dans l’intérêt des peuples. En toute probabilité, à un certain stade, face à la dévastation économique et à l’oppression nationale, un soulèvement de masse du peuple irakien se produira contre les forces d’occupation. Cet événement créera une opportunité exceptionnelle pour transformer la société irakienne de fond en comble et pour la reconstruire sur des bases socialistes. Il revient aux travailleurs et à la jeunesse d’Irak de se préparer à saisir cette opportunité. Ils doivent désormais entreprendre la construction des organisations représentatives des travailleurs et d’un parti authentiquement révolutionnaire capables de porter un coup décisif aux intérêts des puissances impérialistes, de chasser leurs armées et d’établir un régime socialiste, dans lequel l’économie sera gérée démocratiquement et le destin des Irakiens ne dépendra ni de dictateurs arbitraires, ni de mollahs avides de pouvoir, ni de capitalistes parasitaires, mais seulement de leur propre volonté collective.

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